Habituellement, les rails sont un déchirement, les larmes toujours présentes lorsque le wagon s’en va, et que je reste, là, devant ces mille paysages qui défilent sous mes yeux absents, habituellement. Ce voyage là n’est pas comme les autres, ce n’est pas non plus celui du sourire pétillant qui accueille des retrouvailles tant attendues, non, c’est un voyage, ou devrais-je dire un trajet ce qui conviendrait davantage, que je vais exécuter souvent, toute l’année, le cœur léger de retrouver ma ville et mes repères, de quitter cette solitude qui commençait à peser, bien qu’on s’y habitue. Ces contrées qui passent, dans la lueur du soir qui doucement tombe, seront bientôt un terrain connu, le chemin qui me conduira et m’arrachera de mon petit foyer.
Les voyages en train sont l’histoire de ma vie, ou l’histoire de mes amours plus exactement. Chaque histoire se ponctue naturellement de belles métaphores de gare. C’est étrange, que ce lieu soit le langage de mon premier amour, le langage par lequel nous nous faisions habilement comprendre nos sentiments ; et que je quitte malgré moi, malgré nous, mon homme actuel, dans une dernière étreinte digne des plus grands clichés. Sans doute n’est-ce qu’une simple et futile coïncidence, ou bien le hasard qui poétise mes histoires de cœur. J’aimerais croire, en romantique secrète, que le hasard, parfois, sait être délicieux, car après tout, se sont là de belles choses à conter.
Ainsi s’achèvera ce texte rêveur, plein de belles intentions, pardonnez-moi, mais je rentre à la maison.