Si tu ne me prends pas ni ne m'aimes, alors pourquoi tu me gardes ?

 

Là, à 10h10, je sens qu'il est l'heure de poster ici. J'ai des ailes grâce à la bonne fortune qui a bien voulu, pour une fois, me tomber dessus, et j'aime ce genre de rencontre avec la chance. Je passe maintenant des heures dans ma salle de bain à me dévisager, à fusiller mes imperfections, à me plaindre et me réjouir de ce que j'ai ou de ce que je n'ai pas. Même avec tout le sport du monde, aucun exercice ne fera grossir ces deux petites pointes minuscules. J'en oublis presque de faire ma valise, et je me demande comment je vais bien pouvoir me concentrer dans une BU avec toute une petite bande et tous ces feux d'artifice dans ma tête.

La grêve ne doit pas bloquer les trains (la sncf, c'est toujours les premiers à dire "oui ! nous on grêve ! c'est pour quelles raisons ?". N'empêche qu'hier à la préfecture, j'ai commencé à hurler sur les manifestants qui perturbaient mon calme au petit café des bourgeois, et en écoutant un peu, ils disaient "libérez Cindy !" alors comme c'était une autre raison inutile mais nouvelle, j'ai fermé ma gueule. Si c'est pour Cindy, alors.

Et j'ai envie d'étrangler les couches culottes révolutionnaires. Vous savez, on pourra pas être à la retraire nous, puisqu'on aura pas de travail.
Mes avis sont donc mitigés, je reste passive. Je trouve ça plus instructif de regarder ça d'en haut. J'en parle, parce que c'est le seul sujet de conversation qu'ont les jeunes en ce moment. Pour ou contre. Moi je suis pour rien, je suis pour étrangler le mec de la scnf qui prend sa pause café alors que c'est le seul guichet d'ouvert dans "départs immédiats". Tu sais monsieur, le train il s'en fout du café.
Et moi je voudrais bien traverser la France dans sa largeur demain.

 

C'est l'apocalypse, la foire en ce moment. La solidarité française est magnifiquement inutile. Les villes sont des déchets, c'est la pénurie, l'animal en l'homme se réveille et la nature reprend ses droits. Et coup de théâtre, je m'en vais vendredi. C'est beau la vie quand ça vous offre des bonnes surprises. Ma détermination au travail a été coupée en plein vol par le blocus des étudiants qui préfèrent dormir dans la fac que dans un lit, mais je m'y tiens, je bosse en solitaire sur mon ordinateur. Aujourd'hui est une belle journée, même s'il fait 3 degrés.

 

C'est la débauche permanente ici. Nous sommes toutes moins belles que lorsque nous sommes arrivées, nos cernes marquent la fatigue et le manque de concentration. Mais je crois que nous sommes toutes aussi heureuses que si nous étions en vacances.

J'ai une énergie débordante, j'aime le mercredi. Mes démons m'ont poussée sous ma table de cuisine pendant quelques heures hier soir, j'étais dans ma cabane d'enfant. Puis ma folie a dévasté mon appartement, j'ai dormi le matelas à même le sol et il y a un bazarre rassurant. J'avais besoin de vide, mais le bordel auquel je suis habituée commençait à me manquer, j'ai enfin retrouvé mon équilibre. J'ai besoin de décorer mes murs,  le blanc-fantôme me fait froid dans le dos. Et quand j'aurais la tête trop remplie, j'aracherai tout et je rangerai.
Voilà de quoi est fait ma vie : il faut mettre le bordel si on veut pouvoir ranger. Et ce n'est pas une métaphore anodine.

Du shopping, de la pluie et des sourires.

C'était une délivrance de partir là-bas, il n'y avait rien à régler finalement, je suis rentrée l'esprit libre et enjoué, tu n'as fait qu'augmenter mon petit bonheur, j'ai bien cru que je n'aurais rien mais tu as largement été à la hauteur. Je continue à fermer les yeux, en réalité j'ai confiance. Après cette échappée au paradis, je débarque de nouveau dans mon petit environnement étudiant, une petite joie au coeur à chaque fois que je reviens ici, pour l'instant. C'est le goût de la liberté du début. Je vais graver mon nom sur ce rocher, ce même rocher où la mer me noyait dimanche, tant elle était en colère. Mais la houle déchaînée reste apaisante. Invincible et impuissante j'étais. C'était merveilleux.
Et j'ai hâte d'arriver à l'autre bout de la France.